Discussion:La justice restaurative à l'échelle d'un quartier

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Présentent
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Les Pratiques de Justice Restaurative
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Nous devrions peut-être identifier les facteurs déterminants
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de la situation actuelle du quartier de Son Gotleu, à son origine
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du point de vue urbain, architectural et démographique.
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Le manque d'infrastructures adéquates, la forte densité de population,
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le bruit excessif et les carences de ses bâtiments
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ont favorisé un changement résidentiel continu
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et la concentration de personnes socialement vulnérables.
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Le quartier s'est détérioré
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et par conséquent, les relations de coexistence entre voisins aussi.
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Las causes sont diverses :
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l'évolution démographique avec l’arrivée d’immigrants étrangers
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et les difficultés d’intégration
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dans un espace dépourvu de ressources sociales,
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le manque de cohésion de la population
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qui entrave le processus d'enracinement dans le quartier
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et favorise le manque de compétences sociales,
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un outil essentiel pour assurer la coexistence.
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Les pratiques de justice restaurative nous sont présentées
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comme une occasion de responsabiliser et habiliter les gens,
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afin de favoriser une communauté plus intégrée.
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Au cours du dernier trimestre,
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nous avons mis en place les pratiques de justice restaurative à l’école.
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Nous avons mis en œuvre diverses mesures visant à créer une communauté,
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comme, par exemple, les cercles au long de la journée scolaire :
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tôt le matin, à la fin de la journée, pendant la classe, etc.
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Créer une communauté signifie
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nous rapprocher des autres, nous connaître, créer des liens affectifs.
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Nous utilisons les cercles pour partager nos sentiments,
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exprimer nos idées, ce qui nous plait…
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C'est 80 % de notre travail,
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parce que créer une communauté signifie, à la longue, la réduction des conflits.
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Quand on connaît quelqu’un et qu'on l’estime, on a moins de conflits avec cette personne.
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Cristina San Juan (École Primaire Es Pont)
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Pour moi, l'une des choses les plus importantes
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des pratiques de justice restaurative
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c’est que l’on a l'occasion de réfléchir sur le langage que l’on utilise.
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Je crois que ça (la justice restaurative) sert à savoir ce qui embête nos camarades et à ne pas le faire.
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Moi, je crois que ça sert à ne pas nous disputer,
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savoir ce que les autres aiment bien, ce qu’ils n’aiment pas et ne pas le faire.
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Je pense que ça sert à savoir
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ce qui peut toucher les sentiments des autres et ne pas le faire.
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Nous séparons la victime et le coupable des faits
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et les élèves ont ainsi l’opportunité
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de rectifier, de réfléchir, de réintégrer les faits
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et pouvoir se réinsérer dans le groupe.
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Dans notre classe, nous avons instauré le coin « Bouche- Oreille »
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Avant de l’introduire,
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nous avons travaillé quelques aspects préalables.
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D’abord, nous avons discuté sur les conflits que nous avions en classe
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comme par exemple : être le premier de la queue,
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partager les jouets avec nos camarades, etc.
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Après, nous avons dédié quelques séances
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pour parler de comment on se sentait devant ces conflits :
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nous étions tristes, fâchés…
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Puis d'autres séances pour parler de
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comment on pouvait résoudre ces problèmes.
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Et à partir de là,
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nous avons pu introduire ce coin
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qui consiste en une bouche et une oreille, une table et deux chaises.
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Quand il se produit un conflit en classe,
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les élèves,
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sur recommandation de la maîtresse ou bien spontanément,
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se dirigent au coin.
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L’élève qui à quelque chose à exprimer prend la bouche,
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et l’autre prend l’oreille pour l’écouter.
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Ainsi, ils apprennent à écouter et à s’exprimer.
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Il se crée un dialogue qui permet aux élèves
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de gérer leurs propres conflits
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et de restaurer leurs relations.
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Ceci est une pratique réparatrice
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sous forme de petite réunion informelle.
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La Police locale de Palma a crée de nouveaux espoirs
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sur la possibilité de résoudre les conflits dans le quartier.
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Il s’agit d’une nouvelle manière d’intervenir
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et d’aborder les problèmes avec les mineurs dans les écoles primaires et secondaires
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et d’une alternative complémentaire à la justice ordinaire qui s’appliquait jusqu’à maintenant.
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La justice restaurative a conduit la police locale
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à avoir une relation plus directe et profonde
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avec les établissements scolaires et les services sociaux,
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ainsi qu’une plus grande connaissance des problèmes des mineurs
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et une meilleure relation avec eux.
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L’avantage de la justice restaurative
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c’est qu’elle permet d’éviter de poursuivre en justice les personnes en conflit.
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Ainsi, nous augmentons la possibilité
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que toutes les parties impliquées se sentent satisfaites de la résolution du problème,
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l’offenseur et la victime à parts égales
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ainsi que toutes les personnes touchées par le conflit :
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la famille, les professeurs et mêmes les camarades de classe.
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Un autre point important :
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cela permet à la justice ordinaire de traiter beaucoup moins de cas
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puisque la plupart des problèmes peuvent se résoudre à l’école,
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avec les professeurs, la police locale ou même avec l’aide des camarades de classe.
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Je pense que ce qui est important, c’est que
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les pratiques réparatrices ne sont pas de simples techniques.
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Pour moi, les pratiques réparatrices supposent
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une nouvelle manière de comprendre la coexistence dans les écoles
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et une nouvelle façon d’aborder les conflits.
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Elles représentent une stratégie de prévention
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et elles favorisent la coexistence ce qui est le plus important en éducation.
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La nouveauté repose
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sur le fait qu’elles aident
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à créer un sentiment d’appartenance à l’établissement scolaire.
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Le sentiment d’appartenance est fondamental, dans la famille,
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le groupe d’amis, à l’école, avec les camarades…
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Il s’agit de sauver la personne et l’aider à gérer le conflit.
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Moi, j’étais de ceux qui pensaient
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que ceux qui agissaient mal devaient être punis,
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que les gens qui agissent mal sont de mauvaises personnes
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mais je me suis rendu compte
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que nous devons trouver la bonne manière de dialoguer, de se parler
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de faire émerger la part d'humanité que nous avons tous en commun.
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Je pense que le respect est important
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parce que si tu ne respectes pas quelqu’un,
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comment veux-tu qu’on te respecte !
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Je crois que le respect est très important sinon c'est la cause du harcèlement.
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si tu respectes pas les autres tu peux provoquer le harcèlement.
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Oui, c’est vrai que le respect, c’est important, mais aussi dire la vérité,
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dire la vérité et montrer aux autres tel que tu es en réalité.
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Je pense que ce projet Comenius Regio nous a permis d’impliquer beaucoup de gens.
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Presque tous ceux que ont participé au projet se sont montrés très intéressés.
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Et bien que les pratiques réparatrices ne soient pas très connues,
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les personnes qui les découvrent ont beaucoup de mal à éviter d’être captivées.
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Cela a été une manière très positive de prévenir les conflits
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et de transmettre d’autres valeurs pas faciles à mettre en pratique dans ce quartier.
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Nous avons une grande diversité de cultures
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et nous devrions essayer de travailler ensemble
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avec une méthodologie commune comme par exemple les cercles réparateurs.
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Ana, comment ça va ?
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Bien.
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C’est une nouvelle manière de comprendre notre travail.
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Nous venons tout juste de démarrer et nous avons encore beaucoup de travail devant nous,
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mais c’est surtout une manière différente de vivre ensemble, de partager et de communiquer
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et qui ne peut plus s’inverser.
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Les pratiques réparatrices
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nous mènent à une méthode spécifique,
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une stratégie bien différente
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d’aborder les relations humaines et de faire émerger les émotions.
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Cette nouvelle méthode est particulièrement importante dans un quartier comme Son Gotleu
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parce qu’elle permet de travailler d´autres compétences sociales
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qui permettront d´améliorer son potentiel pour changer.
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Ça nous a permis
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de nous mettre à la hauteur de nos élèves.
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Avant, c’était difficile de comprendre certaines situations.
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Parler sur un pied d’égalité avec nos élèves
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nous a rappelé que ce sont des enfants
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et qu’ils vivent les situations de manière différente que nous, les adultes.
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Ça m’a beaucoup aidé dans mes rapports avec mes collègues.
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Et être capable de résoudre facilement certaines situations
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qui pouvaient paraître compliquées au début.
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Pour moi, le projet a permis
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aux personnes qui travaillent dans ce quartier
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d’utiliser la même terminologie, le même langage
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et la même manière de travailler avec les enfants.
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Avec cette nouvelle méthode, les enfants et leurs familles
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reçoivent les mêmes réponses avec le même langage
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qu’ils soient à l’école, aux services sociaux, au centre de santé…
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Cela facilite énormément le travail en réseau
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parce que finalement nous travaillons tous pour le bien des mêmes personnes.
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Les pratiques réparatrices
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nous donnent une perspective différente,
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plus démocratique et pédagogique
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et qui précède la mauvaise conduite.
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Si je suis capable de comprendre mes collègues,
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je serai capable de les aider.
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Ce type de pratiques nous oblige à être beaucoup plus démocratiques.
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Elles accordent à l’élève plus d’autonomie
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pour décider de suivre le processus le plus juste
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pour résoudre ses conflits avec ses camarades.
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À la Police locale,
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nous sommes très reconnaissants d’avoir pu participer à ce projet de justice restaurative.
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Qui mieux que nous qui tous les jours travaillons face à toutes sortes de conflits ?
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Nous considérons que la perspective réparatrice
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pour gérer les conflits
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est vraiment très intéressante.
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Pour le département de Services Sociaux de Palma,
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participer à ce projet Comenius Regio
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avec la police locale,
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l’Institut pour l'Intégration et la Réussite Scolaire,
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l’Université et les écoles,
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a été une grande opportunité pour renforcer le travail en réseau
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de tous les organismes municipaux.
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J’ai été impliqué indirectement dans un de ces conflits.
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C’était à l’occasion d’une fête à l’école,
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j’ai vu des enfants qui se disputaient
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et je les ai séparés.
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Quelques jours plus tard, l'école m'a appelé
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pour m’inviter à un cercle réparateur pour parler du conflit.
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Cette méthode m’a surpris et m’a beaucoup plu
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parce que nous étions tous assis en cercle,
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nous nous regardions, personne n'avait une position dominante
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et nous étions tous concernés par le conflit.
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Comme invité, j’ai vécu une expérience positive.
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C’est surprenant parce que les enfants
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ont le droit de parler et de décider.
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Ils ne sont pas à l'écart.
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Avant, si tu tapais ou tu insultais un camarade,
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on te punissait dans un coin ou pas de récréation.
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Maintenant il n’est plus question de disputer ou de punir
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mais de trouver des solutions par consensus.
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Travailler comme ça c'est vraiment très positif.
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On pourrait même l’appliquer dans les entreprises, dans les familles
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parce que c’est une bonne manière d’impliquer tout le monde.
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Sinon, ça se réduit à être puni par le professeur
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sans avoir la possibilité de réfléchir sur comment résoudre les conflits.
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Pour l’Institut pour l'intégration et la réussite scolaire,
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c’est une grande satisfaction
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de pouvoir dynamiser ce projet
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et de voir comment il ravit tous les professionnels qui y participent
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tant dans les écoles, la police, les services sociaux et l’université.
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Pour l’avenir, l’Institut pour l'intégration
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travaille déjà à la possibilité d’appliquer les pratiques réparatrices
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à d’autres zones d’influence.
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Il faut commencer par dire que
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les pratiques réparatrices
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sont proposées par et pour la communauté.
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Notre objectif est
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l’autogestion du groupe
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et que la communauté soit capable
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d’acquérir les compétences nécessaires
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pour prendre soin d’elle-même.
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Les bonnes relations se construisent petit à petit
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quand les personnes peuvent créer des liens affectifs,
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parler de ce qui les préoccupe
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et participer aux décisions qui les touchent
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en tant qu’individus et en tant que groupe.
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C'est finalement une proposition visant à décider de
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comment nous voulons vivre ensemble,
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avec la confiance que nous serons capables de le faire.
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Je pense que cette confiance dans les personnes
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est l’une des raisons qui explique
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la bonne réception des pratiques de justice restaurative
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parmi les enfants, parmi les jeunes et parmi les adultes.
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Une autre raison de leur succès
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est que tout le monde a la possibilité de s’exprimer et d’être écouté
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et ceci est une condition indispensable
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pour assurer la participation communautaire.
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Il est important de noter que le quartier de Son Gotleu
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était déjà engagé sur le chemin de la construction en communauté.
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Ce chemin vers l'intégration a été reconnu
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au niveau national et local
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et les pratiques de justice restaurative
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ont contribué à l’enrichir, sans aucun doute.
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Texte et voix de l’introduction
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Caméra et réalisation
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Ce document est le produit du projet Comenius Regio «Restorative Practices for Schools, Families and Wider Communities » 2011-1-GB1-COM13-10953 entre Palma de Majorque (Espagne) et Hull (Grande Bretagne), financé avec des fonds européens.
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Nos remerciements aux personnes qui ont rendu ce projet possible