Systèmes et Cercles Restauratifs : Différence entre versions
(Version initiale de François Cribier à laquelle manque les liens (en rouge dans le fichier d'origine)) (Balise : Éditeur visuel) |
(→Médiation et Cercles Restauratifs : Largeur de l'image ramenée à 800px) (Balise : Éditeur visuel) |
||
Ligne 80 : | Ligne 80 : | ||
Ci-dessous quelques détails concernant les points communs et les différences entre les deux approches. | Ci-dessous quelques détails concernant les points communs et les différences entre les deux approches. | ||
− | [[Fichier:Traverser les conflits.png|alt=Traverser les conflits|centré|vignette| | + | [[Fichier:Traverser les conflits.png|alt=Traverser les conflits|centré|vignette|800x800px|Image initiée par François Cribier en février 2017]] |
Version du 20 mars 2017 à 11:10
Les Systèmes et Cercles Restauratifs, selon l'approche de Dominic Barter
Texte et image initiés par François Cribier en février 2017.
Présentation
Les groupes humains ont, de tous temps, cherché à rendre justice à celui qui a subi un préjudice. Dans notre société, un système de justice punitif prévaut actuellement dans la résolution des conflits.
Dans d'autres cultures, le dialogue cherche à trouver un arrangement qui respecte les protagonistes tout en clarifiant leur inclusion dans la communauté, ou leur exclusion.
Parmi ces pratiques de justice restaurative figure l'approche initiée par Dominic Barter depuis les années 90. Les Cercles Restauratifs ont vu le jour dans les favellas du Brésil et ont diffusé en lien avec le ministère de la justice et celui de l'éducation, et avec le soutien de l'UNESCO.
Lors de séjours en Europe, Dominic a partagé son expérience et invite ceux qui le souhaitent à accompagner la mise en place de Systèmes Restauratifs dans leur communauté.
Cette forme de médiation collective présente de nombreux atouts et fait preuve, dans les établissements scolaires, les entreprises et associations, d'une efficacité très encourageante.
Dans notre société, une justice punitive
La justice punitive est tournée vers le passé, et est axée sur la notion de faute, pour laquelle il faut "payer" ; on l'appelle aussi une justice "rétributive".
Quand nous sommes en conflit, nous nous tenons fréquemment à distance : nous cherchons à nous protéger de ce qui est douloureux, inconnu, incompréhensible, insécurisant... Nous pouvons aussi avoir tendance à rester proches mais en hurlant…et quand les mots ne suffisent plus pour se faire entendre, les gestes suivent et c'est l'escalade de la violence.
Face aux conflits, nous avons l'habitude de chercher qui est la victime et qui est le coupable, mais cela ne prend pas en compte la complexité du conflit, ni le nombre de personnes impliquées. C'est un cercle vicieux dans lequel la personne qui tranche devient le bourreau et l'accusé, la victime.
Notre civilisation a hérité d'un système de justice punitif (ou rétributif) que nous ne pensons pas à remettre en cause tellement il imprègne nos logiques éducatives et nos comportements sociaux.
Pourtant, dans une situation, où il y a un auteur, qui a tort et doit donc être puni, et une victime, on peut constater que :
- la punition n’amène pas l’auteur à la conscience de ce que la victime a vécu
- l’auteur n’est pas entendu dans ce qui l’a amené à agir ainsi
- la souffrance de la victime n’est pas apaisée par la punition de l’auteur
- la relation entre les deux n’est pas réparée, la victime reste avec de la peur ou une envie de vengeance
- les personnes impactées par l’acte ne sont pas prises en compte et restent aussi avec l’impact émotionnel de ce qui s’est passé
- la punition conduit généralement à de l’exclusion ; on constate peu d’évolution de la conscience de l’auteur et un pourcentage important de récidive
À la recherche d'une justice restaurative
Un conflit est toujours révélateur d'un malaise lié à l'insatisfaction d'un besoin essentiel chez une personne. Nous pouvons désapprouver la forme que cette personne a choisie pour exprimer sa souffrance, mais en ignorer la source nous condamne souvent à la répétition.
Il n'est possible de changer que ce que nous avons réussi à mettre à jour, à identifier, à accepter. Il s'agit donc de recontacter cette commune humanité dans un espace où elle a assez de sécurité pour se révéler dans tout son sens et sa vulnérabilité.
Le défi consiste à réunir les protagonistes essentiels du conflit, et aussi les membres de la communauté impactés par celui-ci, et dont la présence sera essentielle pour une résolution efficace et durable.
Les conflits sont l'affaire de toute la communauté : chacun est acteur du conflit, tant dans son déroulement que dans la réponse à y apporter, mais aussi dans sa prévention et dans la réflexion collective qui prépare à les réguler.
La justice restaurative est tournée vers le présent et l’avenir. Elle constate ce qui a été dégradé sur les plans matériel et relationnel et cherche à restaurer le lien entre les participants en utilisant toutes les ressources de l'intelligence collective des présents dans le Cercle Restauratif.
Système restauratif
Lors de ses ateliers, Dominic expose notamment à quoi il est nécessaire de penser lorsqu'on construit une école : bien sûr il faudra des espaces pour enseigner, d'autres pour se nourrir, se détendre, etc…Personne n'attendrait l'ouverture de l'école pour se demander comment on va nourrir les estomacs affamés. Pourtant, alors qu'on sait qu'il y aura des conflits, personne ne songe à imaginer un lieu, mais aussi une procédure, pour les traverser.
Penser à l'avance ce cadre, c'est construire un Système Restauratif, chercher un lieu adapté et neutre, solliciter des ressources humaines pour répondre aux demandes et des facilitateurs formés, imaginer la façon dont les membres de la communauté pourront initier un Cercle Restauratif en cas de nécessité.
Cette réflexion peut constituer un préalable pour une communauté en création, ou une étape réflexive pour améliorer un processus de régulation des conflits existant.
Le Cercle Restauratif
C'est un outil de régulation pour une communauté (ville, établissement scolaire, famille, entreprise, association…), avec ses différentes composantes, et dans une relation d'équivalence. Le cercle manifeste le partage du pouvoir entre ses membres qui se rencontrent alors en dehors de leur statut habituel.
Pour faire face au conflit, chacun peut initier un Cercle Restauratif. Un facilitateur rencontre séparément l'initiateur, puis les parties concernées par le conflit, au cours de pré-cercles.
Toutes ces personnes sont ensuite invitées au Cercle Restauratif et peuvent prendre la parole pour exprimer ce qu'elles souhaitent. La parole entendue est reformulée par le destinataire jusqu'à pleine compréhension.
Le facilitateur y anime 3 temps :
- Expression et compréhension mutuelle au sujet de la situation
- Responsabilisation de chacun à partir des motifs qui ont poussé à l'action
- Accord sur un plan d’action qui précise les actes de réparation (sur le plan matériel) et de restauration (sur le plan relationnel)
Un après-cercle permet, quelques semaines plus tard, d'évaluer l'application du plan d'action, et de le faire évoluer si besoin.
Efficacité de la Justice Restaurative
Les Cercles Restauratifs sont l'une des dix innovations retenues par la Fondation nationale pour les Sciences, Technologies et Art, principal groupe de réflexion sur les innovations sociales en Angleterre. Dans son rapport de juin 2010, « Radical Efficiency » (efficacité radicale), elle met en avant les technologies sociales du domaine public qui offrent « de manière visible des résultats différents, plus performants et de moindre coût que ceux des approches traditionnelles ».
Cette manière de s'emparer du conflit de façon collective et autonome permet :
- une réelle prise de conscience par l’auteur des conséquences de son acte, en particulier de la souffrance de la personne qui a reçu l’acte
- au receveur de l’acte de pouvoir exprimer sa souffrance et d'être entendu par l’auteur, ce qui est très réparateur pour lui
- à l'auteur d'être entendu dans ce qui l’a amené à agir : c’est aussi réparateur pour lui et c’est un facteur de prévention de la récidive
- de prendre en compte toutes les personnes impactées par l’acte, et de clarifier les différents points de vue
- de réparer ce qui peut l'être matériellement, et de restaurer la relation entre l’auteur, le receveur de l’acte et les personnes impactées dans la communauté
- à la communauté de réintégrer l’auteur de l’acte est réintégré dans la communauté
- de restaurer la place du conflit dans une société, le sens, la relation et l'intégrité de toutes les personnes
- de faire baisser le taux de récidive car ils contribuent à augmenter les niveaux de compréhension et de conscience des personnes, et les amènent à trouver collectivement des réponses plus satisfaisantes aux conflits.
- De réduire de 50 % du nombre de cas où les jeunes sont amenés devant un juge et d'obtenir des taux de satisfaction des participants interrogés de plus de 90%
Médiation et Cercles Restauratifs
Les différences essentielles entre cette approche et la médiation concernent notamment le nombre de personnes pouvant être accueillies pour la rencontre, ainsi que la possibilité que le Cercle puisse se réunir même en l'absence d'un protagoniste très concerné. Une des grandes limites de la médiation se résume au fait que si l'une des parties ne souhaite pas rencontrer l'autre, il n'y a pas de médiation (dans l'association de médiation sociale à laquelle j'appartiens, seulement 1 dossier sur 5 aboutit ainsi à une rencontre de médiation)
Ci-dessous quelques détails concernant les points communs et les différences entre les deux approches.